Ukraine : La tension monte d’un cran entre Kiev et Moscou

Une grande confusion règne ce vendredi dans l'est du pays, l'armée ukrainienne déclarant avoir détruit des véhicules blindés russes sur son territoire, ce que démentent les responsables russes.
 

Les intentions de Moscou dans le dossier ukrainien sont chaque jour de moins en moins lisibles. Tandis que le Kremlin limoge brutalement les dirigeants séparatistes, il envoie simultanément en de l'aide humanitaire et des blindés. Les 280 camions blancs chargés de vivres à destination de la population de Louhansk étaient toujours bloqués à la frontière ukrainienne vendredi soir, en attente d'une inspection ukrainienne et de la . Kiev exige de pouvoir inspecter méticuleusement le contenu du convoi, puis qu'il soit pris en charge par le Comité international de la (CICR) une fois certifié. L'ONG basée à Genève indiquait vendredi après-midi que «les deux pays sont toujours en train de plancher sur des détails pratiques comme les procédures d'inspection et de dédouanage du convoi russe, ainsi que la vérification de la nature strictement humanitaire de la cargaison».

En réaction à des accusations russes sur des «tentatives de faire échouer» un convoi humanitaire, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine a annoncé qu'il rencontrerait son homologue russe Sergueï Lavrov à Berlin dimanche, avec les chefs de la diplomatie française et allemande. Ce n'est pas le seul chassé-croisé diplomatique de vendredi, puisqu'en soirée le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a joint au téléphone son homologue américain Chuck Hagel. Il lui a assuré qu'aucun soldat russe ne se trouvait dans le convoi d'aide envoyé par Moscou vers l'. «Sergueï Choïgou a garanti qu'il n'y avait pas de personnel militaire dans le convoi humanitaire et que ce convoi ne serait pas utilisé comme prétexte pour intervenir davantage en Ukraine», a indiqué le .

Un autre convoi humanitaire, ukrainien celui-là, a devancé l'aide russe. De dimensions plus modestes (800 tonnes contre 2000 tonnes pour l'aide russe), le convoi de 50 camions a commencé à être inspecté par le CICR vendredi matin, dans la ville de Starobilsk (région de Louhansk), à une centaine de kilomètres au nord des zones de combat. Après avoir été tétanisé quelques jours par l'opération humanitaire russe, le gouvernement ukrainien a réalisé jeudi qu'il lui fallait d'urgence fournir sa propre aide aux populations du Donbass, sous peine de perdre la guerre de l'information.

Intenses combats

L'hostilité de l'Ukraine envers le convoi russe n'est pas sans fondement. Kiev voit en Moscou un agresseur lui menant une guerre non déclarée à travers des livraisons d'armes et de combattants aux séparatistes prorusses du Donbass. Le convoi humanitaire russe a été doublé jeudi soir par une colonne de 21 blindés et camions militaires. Colonne qui s'est élancée vers l'Ukraine sous les yeux de journalistes du Daily Telegraphet du Guardian suivant le convoi humanitaire. Un autre convoi «massif» «arborant des drapeaux russes ou l'insigne des forces de paix» (selon le correspondant duDaily Telegraph), composé de blindés transporteurs de troupes, a pénétré en Ukraine vendredi en fin d'après-midi. Kiev accuse depuis avril la de fournir des armements lourds aux rebelles du Donbass, mais Moscou a toujours nié, et continue de nier aujourd'hui ce qui ressemble à un début d'invasion.

Le chef d'État ukrainien Petro Porochenko a indiqué vendredi à son homologue britannique que son artillerie est parvenue à détruire une grande partie de la colonne de blindés russes. Des propos impossibles à vérifier alors que dans le camp séparatiste, on affirme au contraire avoir brisé le siège autour de Louhansk, causant de très lourdes pertes aux forces ukrainiennes. Difficile d'accorder du crédit aux déclarations venant de l'un ou de l'autre camp, car les exagérations et les contre-vérités sont monnaie courante. Mais l'inquiètude monte d'un cran en comme en témoigne l'appel de François Hollande qui demande à Moscou de «respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine».

Pour autant, le fait que la ait de nouveau envoyé une colonne de blindés vendredi pour ouvrir la voie vers Louhansk au convoi humanitaire suggère que les cent kilomètres restants seront les plus difficiles. De l'aveu des deux protagonistes, l'intensité des combats ne fait qu'augmenter de jour en jour. Une carte des combats, établie par une source séparatiste souvent corroborée par les faits, indique que les rebelles prorusses de Donetsk ont réussi à briser leur isolement dans les dernières 24 heures. Ils disposeraient à nouveau d'un étroit corridor vers la frontière russe et auraient récupéré le contrôle d'une route stratégique les reliant à leurs camarades de la région de Louhansk.

Si ces succès se révèlent exacts, ils ne doivent pas faire oublier que les séparatistes ont perdu 80 % des territoires qu'ils contrôlaient fin mai. Et surtout, les démissions simultanées jeudi des deux principaux dirigeants séparatistes, de Valéri Bolotov pour la «République populaire de Louhansk» et d'Igor Guirkine (également appelé «Strelkov») pour la «République populaire de Donetsk», signalent le mécontentement de Moscou devant la situation militaire. Jusqu'ici très fragmentée, la rébellion pourrait être désormais soumise à une direction militaire centralisée. C'est peut-être le signe avant-coureur d'une intervention militaire directe de Moscou.

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Attention – Une "incursion" de la Russie confirmée par l'Otan : L'Ukraine annonce avoir détruit la plupart des véhicules blindés russes entrés sur son territoire !

 
 

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Source : Le Figaro / Par Emmanuel Grynszpan, le 15.08.2014 / Relayé par Meta TV(meta.tv)

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