Surveillance : Nouvelles révélations en Nouvelle-Zélande

« Moment of truth » (« moment de vérité »). Voilà comment Kim Dotcom, le fondateur de MegaUpload et de Mega, présentait cette conférence qui se déroule cinq jours avant les élections législatives en Nouvelle-Zélande et qui devait permettre de nombreuses révélations, avec notamment la présence de Glenn Greenwald, le journaliste qui a révélé l'existence du programme de surveillance de masse de la NSA (National Security Agency).

En tête de tous les sondages, John Key, le premier ministre néo-zélandais est pourtant au milieu d'une polémique depuis la sortie du livre de Nicky Hager,Dirty Politics, en août. Dans son ouvrage, le journaliste explique notamment comment l'entourage du premier ministre aurait transmis des informations secrètes à un blogueur, Cameron Slater, pour nuire au leader du parti travailliste lors de la campagne des législatives de 2011.

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Mais le premier ministre néo-zélandais est également la cible de révélations d' et de Glenn Greenwald sur la surveillance de masse.

De nouvelles révélations

Ce week-end, en anticipations des possibles révélations que pourraient faire M. Greenwald lors de la conférence organisée par le parti de Kim Dotcom, le Premier ministre a choisi d'attaquer personnellement le journaliste et de décalcifier plusieurs documents pour prouver que la Nouvelle-Zélande n'a jamais connu de programme de surveillance de masse.

Glenn Greenwald a lui publié un peu avant la conférence, sur The Intercept, plusieurs documents prouvant le contraire. Le récent Prix Pulitzer évoque dans son article l'existence d'une programme de surveillance de masse nommé « Project Speargun » (« projet harpon », qui a vu le jour en 2012, ou au début de l'année 2013. Pour Julian Assange, cofondateur de Wikileaks, présent par vidéo-conférence de l'ambassade d'Equateur à Londres, ce programme est la preuve d'un « extrême et bizarre futur orwellien qui est en train de se construire secrètement en Nouvelle-Zélande ».

Dans un article publié en même temps sur The Intercept, a confirmé les dires de l'ancien journaliste du Guardian.

« Toute déclaration indiquant que la surveillance de masse n'est pas pratiquée en Nouvelle-Zélande, ou que les communications Internet ne sont pas interceptées ou surveillées, ou que cela n'est pas fait de façon intentionnelle et active par le GCSB [les services secrets néo-zélandais] est catégoriquement faux. »

De Moscou, le lanceur d'alerte a également parlé du système XKeyscore – un outil partagé par la qui permet un accès complet  à une base de données de communications collectées avec le programme de surveillance de masse –, dont il détaille le fonctionnement dans son article.

LIRE : L'outil qui permet à la NSA d'examiner « quasiment tout ce que fait un individu sur Internet »

Tout cela n'a cependant visiblement pas convaincu toute la presse néo-zélandaise. Audrey Young et Fran O'Sullivan, du New Zeland Herald, – un quotidien proche du parti du Premier ministre – considèrent ainsi que les preuves présentées concernant la surveillance de masse ne sont pas suffisantes.

Un drôle d'email

Ce n'est pas la seule attaque envers le gouvernement en place. Quelques heures plus tôt, Kim Dotcom accusait John Key d'avoir assuré Warner Bros qu'il ferait tout son possible pour extrader l'homme d'affaires germano-finlandais vers les États-Unis le plus vite possible pour qu'il y soit jugé. C'est en tout cas ce qui ressort d'un email qu'aurait envoyé Kevin Tsujihara, le PDG de Warner Bros, au responsable de la zone -Pacifique de la MPAA (Motion Picture Association of America), Michael Ellis, à la fin d'octobre 2010.

L'authenticité de l'email et de son contenu a aussitôt été démentie par Paul McGuire, le directeur de la communication de Warner Bros. « Ce supposé email est une fabrication », a-t-il assuré, précisant que l'entreprise avait conduit une « enquête interne ».

Tout ce déballage se produit à cinq jours d'élections législatives qui devraient reconduire John Key et son parti au pouvoir. Mais l'alliance de l'Internet Party de Kim Dotcom avec le mouvement indigène Mana (qui se présente sous l'étiquette commune Internet Mana) devrait cependant permettre l'entrée de plusieurs de ses candidats au Parlement. Selon les derniers sondages, ils seraient trois à être élus.

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Source : Le Monde / Par Grégor Brandy, le 15.09.2014 / Relayé par

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