Comment l’État islamique s’inspire d’Hollywood dans ses vidéos

L'État islamique utilise une scénographie "soignée" inspirée de la "culture populaire occidentale" pour faire passer ses messages de terreur.

 
 
 
 
 
 
 
 

Cela ressemble à un cauchemar scénarisé. Empaqueté comme une saison de séries américaines, un "Homeland" mâtiné de "Games of Thrones". Le premier "épisode", l'assassinat barbare du journaliste américain James Foley, se terminait avec un plan "teaser" effrayant sur le visage de son collègue Steve Sotloff, américain également, menacé de subir le même sort. Le second volet a débarqué sur Internet mardi et jeté la consternation.

Cette vidéo aussi commence par un discours d'Obama, se poursuit par un fondu au noir, avec une espèce de générique macabre intitulé "Deuxième Avertissement à l'Amérique". On y retrouve ensuite cette même silhouette glaçante, tout de noir vêtu, ce même bourreau à l'accent britannique, aux côtés de Steven Sotloff agenouillé. Comble de l'horreur : après le meurtre, la vidéo se termine à nouveau sur l'image d'un troisième otage, anglais cette fois… Comme l'annonce sinistre d'un épisode 3.

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Sans montrer la moindre goutte de sang

"Ben Laden et Al Qaïda avait déjà compris l'importance de l'image et de la guerre médiatique avec la vidéo terrifiante de l'égorgement de l'homme d'affaires américain Nick Berg, en  en 2004", dit le chercheur Asiem el Difraoui, auteur de "Al Quaida par l'image" (PUF, 2013). "Sauf que les outils de production sont aujourd'hui plus sophistiqués et que les auteurs de cette séquence affreuse ont choisi cette fois-ci de l'aseptiser en évitant de montrer la moindre goutte de sang", rajoute Raffaelo Pantucci, expert de l'islamisme et chercheur au Royal United Services Institute, à Londres. 
L'impact des séquences actuelles n'en est pas moins glaçant.

D'où vient cette scénographie volontairement "soignée" dans l'horreur ? "Pour faire passer son message de propagande et de terreur, l'EI n'hésite pas à produire ses vidéos en recyclant les codes d'Hollywood et de la culture populaire occidentale", dit Raffaelo Pantucci, expert de l'islamisme et chercheur au Royal United Services Institute, à Londres. Ces deux plans, exhibant ces journalistes prêts à mourir, ressemblent en tout cas de façon troublante à la séquence finale du film Seven, le célèbre thriller hollywoodien de David Fincher. On y voit Kevin Spacey attendre son exécution, crâne rasé, à genoux et dans cette même tenue orange de prisonnier, dans un paysage désertique très similaire. Sauf que les deux journalistes, James Foley et Steven Sotloff, ce n'était pas au cinéma.

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Source(s) : Le Nouvel Observateur / Par Doan Bui et Olivier Toscer, le 03.08.2014

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