Célébration du troisième anniversaire de la révolution en Tunisie, sous le signe de la déception et de la colère

C'est un pays miné par les crises et sociale, qui a célébré hier le troisième anniversaire de la révolution tunisienne en l'absence des hauts responsables, qui n'ont pas fait le déplacement pour assister aux cérémonies officielles.

Les officiels tunisiens, à savoir le chef de l'État, Moncef al-Marzouki, le Premier ministre Ali Larayedh et le président de l'Assemblée nationale constituante Mustapha Ben Jaafar ont préféré ne pas faire le déplacement hier pour assister aux cérémonies officielles en raison du nombre d'actions de protestations qui ont dégénéré en violences ces dernières années. “Par mesure de sécurité, l'inauguration (du festival) en présence des trois présidents a été annulée”, a indiqué à l'AFP Mohamed Jalléli, organisateur des célébrations officielles du Festival international de la révolution du 17 décembre. Il n'a pas précisé la nature des menaces, mais un dispositif sécuritaire important a été déployé au centre de Sidi Bouzid. Il y a un an, les dirigeants tunisiens y avaient été visés par des jets de pierres. L'anniversaire de la révolte intervient aussi dans un contexte complexe. Samedi, après deux mois de tractations et malgré le refus d'une partie de l'opposition, le ministre de l'Industrie Mehdi Jomaâ, un indépendant, a été désigné pour succéder à la tête du gouvernement à Ali Larayedh. De nouveaux pourparlers, prévus pour aujourd'hui, doivent déterminer le calendrier de la passation devant acter le départ volontaire du pouvoir d'Ennahda afin que le nouveau Premier ministre conduise la vers des élections en 2014 et sorte le pays de sa profonde crise politique. La nouvelle Constitution, en cours d'élaboration, la commission et la loi électorales doivent cependant encore être adoptées. Si la est confrontée à une crise politique, l'essor de groupes djihadistes et de profonds problèmes économiques et sociaux, elle n'a pas sombré dans la ou la répression comme les autres pays du printemps arabe. “La Tunisie est à ce jour la plus avancée des expériences initiées lors de cet épisode +printanier+. Rien ne permet d'affirmer qu'elle s'enfonce réellement dans l'instabilité”, juge même François Burgat, de l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman. Ceci étant, le mécontentement des Tunisiens est la principale cause de la décision des responsables de ce pays de rester à l'écart des cérémonies. La pauvreté reste le principal motif de mécontentement dans la région. Le taux de chômage y reste le plus élevé du pays, touchant 24,4% de la population active et 57,1% des diplômés. “Aucun des différents gouvernements des trois dernières années n'a réussi à améliorer les conditions économiques des hommes et des femmes de ce gouvernorat. Son destin de martyr continue de poursuivre le pays”, relève le quotidien la Presse dans un article titré “Sidi Bouzid, le volcan”. À Tunis, les autorités n'ont pas annoncé non plus de cérémonies en grande pompe, alors que des appels à manifester face au siège du gouvernement, ont été relayés sur internet. Le mouvement djihadiste interdit, Ansar Charia, accusé d'attaques contre les forces tunisiennes et des assassinats de deux opposants cette année, a ainsi appelé à manifester. “La lutte est obligatoire (…) nous soutenons la sortie du peuple à la Kasbah”, a dit ce groupe qualifié de terroriste par les autorités. Le ministère de l'Intérieur a interdit “la participation (aux manifestations) de toute organisation non reconnue”.
__________________________________________________________

Source : liberte-.com (par M.Tigrine)

Laisser un commentaire

Retour en haut